L’après CaRabA…

Katy Zago

Il y a 30 ans, pratiquement du jour au lendemain, il n’y avait plus de mur de Berlin. L’ère de l’Allemagne de l’Est communiste était définitivement révolue.

Et si, comme par magie, le système scolaire contemporain, vestige de l’organisation militaire de l’époque prussienne, disparaissait lui aussi? Que serait la vie sans école ?

C’est ainsi que commence le film « CaRabA ».

Suite à un jugement historique une école disparaît pour laisser place à un grand vide : l’obligation scolaire ayant été abolie. Chaque personnage du film s’instruit alors à sa façon, en lien avec la vie, les interactions sociales, les coachs du Ministère de l’Instruction Libre ou encore le centre Ivan Illich.

Ainsi, le jeune LOVIS (14 ans) relève le défi d’écrire des lettres d’amour, alors qu’il connaît à peine l’alphabet. Mais il sera vite tiraillé entre Kairos et Chronos…

JANNE (15 ans), quant à elle, se révèle sociologue et activiste en remettant sa biographie en question.

Les parcours de NURI (8 ans), MAX (15 ans) et SASKIA (24 ans) sont tout aussi surprenants. Le film nous invite à changer notre vision de la société en montrant que l’éducation n’a pas besoin de coercition et peut être pleinement respectueuse des droits fondamentaux, en particulier de la liberté individuelle d’une jeune personne, de refuser de devoir physiquement ou psychiquement fréquenter une institution scolaire contre son gré. Dans CaRabA les jeunes sont libres d’aller à l’école ou pas. CaRabA cherche à faire triompher l’amour plutôt que la raison, en provoquant nos émotions.

Si pour certains, cette vie sans école semble utopique pour des raisons économiques, alors il faudrait sérieusement se demander, pourquoi nous acceptons que les impôts que nous payons, ne servent – au Luxembourg comme souvent ailleurs, mais pas toujours – à ne financer principalement qu’un seul type de modèle éducatif, ségrégationniste et ne pratiquant pas véritablement les valeurs démocratiques, perpétuant ainsi une norme sociale ne correspondant pas ou plus vraiment à nos besoins, ni biologiques, ni psycho-sociaux, ni économiques et ce, en dépit des lois fondamentales et de leur suprématie ? Nous semblons presque tous avoir oublié, que la finalité du droit à l’éducation – au sens de la Convention Européenne des Droits de l’Homme – est avant tout de développer l’esprit critique et de sauvegarder les valeurs démocratiques, dans le but de réaliser les libertés fondamentales. En l’absence de véritables débats et dialogues, les opinions prédominantes et les valeurs de la société continueront d’être imposées à la populace, comme des dogmes morts et aucun développement social et personnel majeur ne sera possible. Quiconque représentant une vision divergente peut indéniablement être un acteur de changement. Ignorer les visions divergentes empêche de penser à des questions sociales et politiques importantes.

Je ne peux alors que vous encourager à voir ou revoir « CaRabA » et les bonus du DVD, avec ses sous-titres en plusieurs langues, pour prendre le temps de mieux en saisir toutes les subtilités et ainsi élaborer et concrétiser votre propre vision !

https://www.caraba.de/francais/KZALLI asbl

N.B.: Pour approfondir le sujet de l’Éducation Autodirigée, voir la chaîne Youtube de ALLI asbl et http://alliasbl.lu/ressources/ou www.freetolearnluxembourg.eu

Les projections de CaRabA au Luxembourg ont été organisées par ALLI asbl en collaboration avec la Fondation Follereau dans le cadre de l’Agenda 2030 sur l’Éducation de l’UNESCO.

Kathy Zago

05.11.2019

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